bromoil-linda-escaliers-webHistoire du procédé

Le Bromoïl (aussi appelé oléobromie) est une technique de tirage photo à l’huile qui fut très populaire chez les Pictorialistes au début du XXème siècle.

Basée sur la technique de tirage à l’huile décrite par l’ingénieur chimiste français Alphonse Poitevin en 1855, elle fut mise en pratique en 1907 par Welborne-Piper.

Technique

L’aspect peinture ou gravure des épreuves au bromoïl est vraiment typique du procédé.

Basé sur le rejet bien connu en lithographie, des matières grasses par une surface gorgée d’eau, le bromoil est la transformation d’une image argentique noire et blanche par une image encrée.

On réalise tout d’abord un tirage argentique classique à l’agrandisseur , sur un papier baryté adapté (toutes les marques ne fonctionnant pas il faut faire des essais)

L’image argentique contenue dans l’épreuve photographique est ensuite blanchie : la gélatine se tanne alors, proportionnellement à la quantité d’argent qu’elle contient.

L’image est ensuite fixée, lavée et séchée.

Une fois ces opérations conduites, on trempe l’image blanchie dans un bain d’eau tiède, voire chaude, pendant une dizaine de minutes afin de permettre à la gélatine de se gonfler.

La « matrice » , débarrassée de son surplus d’eau , est maintenant prête à être encrée.

On applique alors une encre grasse (lithographique ou taille douce) au pinceau.

A l’endroit où la gélatine a été tannée (cad les ombres de la photo) l’encre est absorbée tandis qu’elle est rejetée là où la gélatine s’est gonflée d’eau (cad les hautes lumières de la photo-

Progressivement, l’encrage se faisant petit à petit et par minces couches successives d’encre, l’image argentique est remplacée par l’encre.

Il faut en général deux jours pour obtenir le résultat final : au bout de plusieurs passages d’encre, le tirage n’accepte plus d’encre. il faut alors laisser celle ci sécher un ou deux jours avant de reconduire l’opération d’encrage et d’arriver à la densité souhaitée.

 

Evidemment ce procédé demande patience et persévérance mais la naissance d’une image au fil des étapes est un acte magique. Les couches d’encre se superposant, on peut jouer avec diverses encres, de différentes couleurs ou consistances.

Ce procédé laisse une part immense d’interprétation à l’artiste : masquage de certaines parties, ombres accentuées ou non, mélange des couleurs et des encres…les possibilités sont infinies et très personnelles.

La particularité de cette technique, comme beaucoup d’autres en photographie artisanale repose sur le caractère absolument unique de chaque épreuve. Deux tirages bromoïl ne seront jamais parfaitement identiques (et ce n’est pas ce qu’on cherche!) et dépendront de nombreux facteurs (habileté de l’artiste, qualité de l’encre, température de l’eau…)

Voici une petite vidéo sur l’encrage d’un bromoïl :

 

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4 thoughts on “Le Bromoil

  1. Bonjour ;
    j’ai trouvé ce matin chez un particulier, deux œuvres de Alphonse CLAVELEIRA (encore dans leurs encadrements d’origine).
    J’ai retrouvé le nom de cet artiste dans le catalogue du 11ème salon International de la Photographie de Paris 1906.
    Je ne connaissais pas encore cette technique du bromoïl qui est superbe.
    Merci pour ces précieuses informations;
    Eddy

    1. Bonjour Eddy, merci beaucoup pour votre message, je suis très contente de vous faire découvrir cette technique! Je ne connaissais pas Alphonse Claveleira et trouve très peu d’images sur internet :/ si vous avez un lien ou des photographies je suis curieuse! mon mail : amandinejulien@yahoo.fr
      En tout cas c’est toujours un plaisir de transmettre et continuer à faire connaître ces anciennes techniques 🙂

      1. Bonjour Amandine, bonjour Julien,
        Trop heureux de trouver un article sur la technique du bromoïl et de savoir qu’il y a encore des personnes qui la pratiquent. A quinze ans, j’avais reçu en cadeau le « Larousse de la Technique Photographique » où était décrit ce procédé. Nous nous y étions confrontés dans notre club de photo et le résultat était encourageant. Mais c’était il y a soixante ans et le livre comme le souvenir des manipulations ont « fait la malle ». Mais j’ai le souvenir qu’après encrage du support, on pouvait « imprimer«  plusieurs fois des feuilles de Canson par exemple en variant les encres, donnant des images (notamment de portraits) intéressantes. Auriez vous des indications à ce sujet et plus généralement sur la pratique du bromoïl?
        Merci d’avance et au plaisir de vous lire.
        Bonne nouvelle année
        Bernard

        1. Pour la pratique du bromoïl vous pouvez lire l’article sur le sujet sur mon site dans la rubrique ‘Les techniques’ ici : http://www.stage-photo-artisanale.com/le-bromoil/ Je viens même de faire une petite vidéo sur l’encrage!! Pour la reproduction en effet sur d’autres papiers types aquarelles il faut une presse (de gravure) que malheureusement je n’ai pas! tous mes tirages sont « uniques » mais ça ne me déplaît pas, je trouve qu’en repro on perd de la profondeur de noir et c’est ce que (personnellement) j’aime le plus dans cette technique ! Le noir de l’encre lithographique est le noir le plus profond qui existe apparemment 🙂 En tout les cas je vous encourage – que ce soit avec moi ou quelqu’un d’autre – à vous réinitier à cette technique car elle est magnifique et très plaisante à pratiquer (méditative je dirai!!) cordialement. amandine

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