Vidéo sur le mordançage que j’ai réalisé avec l’aimable participation d’une stagiaire photographe : Emma Tarea.

 

Comme son nom le laisse suggérer le mordançage photographique est une action…mordante!

A la base utilisée par les graveurs et dans la teinturerie, le mordançage consiste à oxyder chimiquement un tirage argentique dans un bain « mordant » (eau oxygénée, acide acétique, chlorure de cuivre) pour ramollir la gélatine.

Cependant, la première utilisation qui en est faîte en photographie consistait uniquement à faire des virages.

Ce n’est qu’en 1960 que Jean-Pierre Sudre en fait une application toute autre qui alors n’a plus grand chose de commun avec son utilisation première de simple colorisation.

Le mordançage se range depuis lors parmi les techniques photos alternatives.

Concrètement : la solution de mordançage opère de deux façons sur le tirage argentique : elle blanchit chimiquement le tirage et lève les zones de noires de l’émulsion sur le papier.

stage-photo-mordancage-lavage

 

Selon le type de papier, la concentration de produits, la température…dans un premier temps l’image se transforme de façon aléatoire …

Difficile d’expliquer avec des mots la danse folle de l’émulsion qui s’ensuit : la gélatine se met alors à gonfler et à se soulever dans les noirs de l’image tout en prenant l’apparence de voiles qui se disperse sur le tirage selon la façon dont on le manipule. De grosses cloques d’émulsion se forme sur l’image et coulent comme de l’encre si on les perce.

C’est à ce stade que toute liberté est donné à l’artiste : avec divers outils (petits jets d’eau, cotons-tiges, cures-dents, bombe d’air, on vient déshabiller et rhabiller l’image de la façon souhaitée. Si le procédé semble à prime abord difficile car on assiste à un véritable dépouillement de l’image, cette technique est très exaltante car elle nous emmène dans une dimension toute autre de la photographie : celle où l’on sculpte l’image.

 

détail de tirage argentique mordancé

Une fois le tirage seché (à plat, pour fixer les voiles d’émulsions que l’on aura soigneusement placés) on peut encore opérer toutes sortes de virages pour modifier encore l’apparence du tirage.

C’est un procédé sans fin, d’une richesse exquise, que j’apprécie tout particulièrement pour sa capacité à nous dérouter et à nous pousser à réinterpréter sans cesse notre image première afin de lui découvrir un sens nouveau.

Comme me le faisait remarquer un photographe sur un forum, les résultats obtenus ont une apparence qui fait penser au « papier marbré » …

 

 

 

     

 

détail d’un tirage mordancé

 

Galerie de mordançages (Jean-Pierre Sudre et Daniel Leruste)

 

Galerie personnelle de mordançages

 

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